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Le Canari

Être une fille au lycée : qu’est-ce que ça veut dire ?


Pour la majorité des personnes, pour ne pas dire la majorité des hommes, les filles au XXIème siècle n'ont plus de problèmes de discrimination de genre. Âmes sensibles s'abstenir : c'est toujours le cas, et que ce soit dans un établissement public ou privé.

Le mythe de la tenue parfaite à l’école

Combien de fois mes professeurs au collège nous demandaient d'aller au tableau, et quand je dis « nous » je parle bien entendu seulement des filles, tout ça pour se rincer l'œil lorsque nous portions des jupes ou des jeans slim. Pour ma part, ce n'est que cette année, en terminale, que je commence à mettre des jupes, robes et décolletés au lycée, de la 4ème à la Première je n'ai jamais porté une seule jupe ou robe. Pourquoi ? Parce que les garçons regardent en dessous ou au-dessus pour ce qui est des décolletés. Parce que si on ne plit pas les jambes correctement, n’importe qui peut regarder. Au départ, je pensais que c’était au sens pratique que je n’aimais pas mettre de robes ou de jupes, puis je me suis petit à petit rendu compte avec l’âge que c’est principalement à cause du regard des autres. De plus, c’est très souvent à nous de faire des efforts et de faire attention. Je me souviens au collège (en Polynésie française) les surveillants avaient des règles pour mesurer que nos shorts faisaient bien minimum 30cm de longueur (niveau genoux). C’était à nous de porter des pantalons donc, des shorts plus longs et par conséquent avoir chaud, pour que les garçons n’aient pas le malheur de nous regarder. Alors certes il y a des limites et des règles à respecter quand nous sommes dans l’établissement et ne pas venir avec un short très très court mais tout de même, c’est à nous de nous punir limite alors que les garçons pourraient tout simplement regarder ailleurs, vous n’êtes pas d’accord ?

Les règles, les garçons et les profs de sport

Parlerons-nous des profs de sport de sexe masculin ? Certains sont toujours à l’affût de pouvoir rabaisser les filles. C’est le cas, pour mon prof de sport pour qui le sujet des règles le « passionne ». Lorsque nous ne nous sentons pas bien, pour x raisons, il faut toujours qu’il dise haut et fort devant la classe « pourquoi t’as tes règles ? ». Je parle au nom de toutes mes amies qui m’ont fait remonter leurs « expériences ». Vous pouvez être sûrs que dans n’importe quelle situation les garçons nous sortent « laisse, elle est énervée, elle doit avoir ses règles ». Et même nous, les filles, nous commençons à nous y mettre parce que nous y sommes habituées à ces critiques. On rabaisse les émotions de la femme en fonction de ses règles, pas très classe comme approche, non ?

Le culte de la beauté féminine

Dès que la puberté commence à toucher les adolescents, un culte de la beauté féminine s’instaure chez les garçons. La « fille » doit être belle, mince, bien habillée, intelligente et je vous passe les détails. Critères diffusés par les nombreuses séries américaines où les actrices qui sont normalement au lycée ont en réalité plus de vingt ans. Ainsi, dès qu’un critère n’est pas rempli, elle est la cible de critiques. Le problème c’est que nous ne pouvons pas toujours répondre à ces formes discriminatoires, de peur d’être rejetée, d’être caractérisée de féministe (terme très mal défini et vu de manière péjorative à l’école) ou tout simplement parce que les professeurs représentent « l’autorité ». Nous ne pouvons pas revendiquer vouloir des beaux garçons comme dans les séries, musclés, grands (le cliché traditionnel) mais les garçons eux persistent et continuent de dire que toutes les filles doivent ressembler aux séries sinon elles sont moches ou inutiles.

Alors oui, chers lecteurs, la discrimination envers les filles, je ne parle même pas encore de femmes, à l’école existe encore. Certes à un moindre niveau qu'avant, néanmoins comment voulez-vous que nous grandissions avec cette image adolescente pour ensuite arriver dans le monde professionnel et se rendre compte que c'est encore pire ?

Quelques changements sont tout de même à noter comme la parité dans l'élection des délégués et le nombre accrut de professeurs femmes. Toutefois, je remarque que les dirigeants de tous les établissements où j’ai étudié étaient et sont des hommes. Cela traduit une forme de discrimination envers les femmes pour ce qui est de leur place dans les postes importants.

Trop de passivité est faite à ce sujet alors qu’il devrait être l’une des préoccupations de l’éducation nationale.

Loin de moi l'idée de faire des généralisations hâtives, merci à tous les hommes qui ne se reconnaissent pas dans cette description, votre soutien est aujourd'hui encore nécessaire.

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