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Le Canari

Street Art berlinois

Histoire et enjeux actuels

Le street art apparaît en Allemagne au cours de la Guerre Froide. En 1984, l’artiste Thierry Noir affirme qu’il lui est insupportable de vivre face à un mur froid et triste (le mur de Berlin). Il décide donc de l’égayer à l’aide de ses peintures. Suite à cela, d’autres groupes se forment. La nuit, certains peignent pendant que d’autres guettent. Peu à peu, cet art urbain se développe et s’étend jusqu’aux façades des maisons. A la chute du mur, cette pratique continue de croître et donne même naissance à des festivals. Puis l’ère de l’art urbain connaît un frein. Les villes d’Allemagne en profitent pour faire le « Grand Nettoyage », c’est-à-dire effacer les graffitis et tout remettre à neuf. Sauf à Berlin !

Et aujourd’hui on peut dire : heureusement ! En effet, la situation économique précaire de la ville ne lui a pas permis de procéder à cette remise en beauté. A présent, les tags et graffitis sont très appréciés des touristes et font l’objet de tours guidés très populaires. Cependant, tout le monde n’en est pas ravi. A commencer par la Deutsch Bahn (équivalent de la SNCF en Allemagne). Tous les ans, cette dernière doit débourser 7,6 millions d’euro pour réparer les dégradations matérielles dû au street art. Afin de lutter contre ces artistes de rue, la Deutsch Bahn et d’autres entreprises se sont équipées de drones pour filmer puis poursuivre en justice les tagueurs.

Cela a provoqué de vifs débats sur la surveillance de la vie privée ainsi que sur la liberté d’expression. En effet, l’art, bien qu’il soit dans la rue, est une forme d’expression ; peut-être même plus pure et authentique que celle dans les musées (car dans les musées, les œuvres sont sélectionnées). Se pose un problème considérable : à qui donner raison ? A l’art et la liberté d’expression ou aux entreprises et à leurs économies ? Peut-on limiter ou anéantir un bout de culture ? Peut-on limiter ou anéantir un pan de l’économie ? Autant de questions complexes qui restent sans réponse.

(Tag de MTO)

Artistes contemporains

Berlin, la capitale mondiale du street art. Elle accueille des artistes venant des quatre coins du monde, au grand bonheur des amateurs de graffitis qui arpentent la ville dans l’espoir de tomber sur une fresque, un collage, ou encore les poings jaunes de Kripoe. Parmi toutes ces œuvres, certaines sortent du lot et attirent l’œil des curieux.

Il y a d’abord ceux qui préfèrent pocher and graffer le réalisme, dans des tons toujours monochromes. MTO se distingue notamment par ses portraits de musiciens ou acteurs, dont les traits précis et les détails surprenants amplifient le réalisme stupéfiant de ces œuvres.

Autre adepte du réalisme en noir et blanc, XOOOOX captive le public grâce à ses pochoirs subversifs, qui poussent toujours au débat. Les femmes qu’il dépeint sont-elles un hommage au monde de la mode, ou bien une critique aiguisée des diktats de la beauté ?

Si l’on recherche une œuvre allant à l’encontre des normes de l’apparence et de notre société de surconsommation, c’est vers Vermibus qu’il faut se tourner. Depuis 2010, cet artiste vole des affiches publicitaires et utilise un solvant pour défigurer le mannequin présent sur l’image. Une pub pour un parfum devient alors le reflet terrifiant d’un top model zombie, aux allures troublantes.

Pour ceux qui préfèrent observer des collages plus joyeux et colorés, El Bocho (« petit âne » en espagnol) égaye la ville de portraits colorés, ainsi que de son personnage préféré, Little Lucy, une fillette essayant de se débarrasser de son chat par tous les moyens. Son humour noir fait de lui un des artistes favoris de Berlin.

Enfin, si vous souhaitez plutôt comprendre les enjeux sociaux et politiques actuels au travers d’une peinture, Alias expose ses personnages, à la fois à l’écart et victimes de la société, dans toute la ville. Tout comme lui, le graffeur Negative Vibes représente des individus isolés et blessés, vivant dans la peur et la solitude. Néanmoins, à moins d’arpenter Berlin de long en large pendant des heures, vous ne tomberez pas facilement sur ses œuvres.

Alors, pour tous les artistes en âmes et les passionnés de collage et de pochoirs, avides de découvrir les trésors cachés de la ville, Berlin vous attend !

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