Le mouvement #MeToo et les accusations portées contre Harvey Weinstein ont été synonymes d’une libération. Libération d’une parole qui n’a, pendant trop longtemps, pas pu se faire entendre à cause du jugement, de la peur, de la honte. Désormais, la loi du silence est brisée et les témoignages se multiplient dans tous les domaines.
D’abord dans le monde du cinéma, puisque tout part de là. Accusé de viols et d’agressions sexuelles par de nombreuses femmes, Harvey Weinstein est rapidement devenu le paria d’Hollywood. Mais il n’est pas le seul. Car, pendant des décennies, les puissants du milieu ont abusé de leur pouvoir et de leur influence pour contraindre des femmes et par la suite les réduire au silence, sous peine de détruire leurs carrières. Si ce séisme se déroule aux États-Unis, un autre va toucher la France en 2019 : l’affaire Roman Polanski. En effet, malgré les terribles accusations qui l’accablent, le réalisateur a reçu le César de la meilleure réalisation pour son film J’accuse. Alors que certain(e)s considéraient qu’il fallait dissocier l’homme de l’artiste, d’autres ont estimé que cette remise de prix était encore un symbole de l’impunité existante dans le monde du cinéma.
Roman Polanski recevant le César du Meilleur réalisateur pour « La Vénus et la fourrure » en 2014
Crédit : MARTIN BUREAU/AFP
Mais les accusations ne s’arrêtent pas là et s’attaquent également au monde du sport, notamment celui du patinage après les révélations d’anciennes athlètes et la publication d’un livre choc par Sarah Abitbol, ancienne championne, qui accuse son ancien entraîneur. Ce scandale a provoqué la démission du président de la Fédération française des sports de glace, qui selon plusieurs sources aurait été au courant de ces agissements, mais il a surtout ouvert la voie à d’autres athlètes issus d’autres disciplines. Affirmant que « l’omerta existe dans le sport », la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a par la suite mise en place une campagne de communication, d’information et de formation pour tenter de mettre fin à ces épisodes tragiques.
Sarah Abitbol le 24 Janvier 2001 à Bratislava
Crédit : OLIVIER MORIN/AFP
Enfin, récemment, c’est le monde de la musique qui a été mis en lumière. Même s’ils ne sont pas les seuls, les scandales visant Moha La Squale et Roméo Elvis ont particulièrement marqués l’opinion. Le premier a été soumis à des plaintes pour viol, violence et séquestration par plusieurs filles, dont son ex-copine, tandis que le second a été accusé d’agression sexuelle par une internaute. Conscient de son erreur et du traumatisme que son acte a pu engendrer, Roméo Elvis s’est excusé publiquement en espérant « servir d’exemple à ne pas suivre ». Mais la polémique s’est malheureusement détournée de lui pour s’attaquer à sa sœur Angèle, fervente défenseuse du mouvement #MeToo. La jeune femme a reçu de nombreux messages de haine l’accusant de ne pas avoir dénoncé son frère malgré ses engagements. Pourquoi Angèle a-t-elle été visée plutôt que son frère ? Cet épisode démontre, encore une fois, l’acharnement subi par les femmes et la protection persistante dont bénéficient les hommes.
Angèle et Roméo Elvis aux NRJ Music Awards le 9 Novembre 2019
Crédit : DOMINIQUE JACOVIDES/BESTIMAGE
Tout ceci montre que le chemin est encore long avant que les mentalités ne changent réellement. Toutefois, c’est en en parlant et en se soutenant les unes les autres que notre situation pourra évoluer.
Léa Duval-Olivier
Comments