Date de la projection : Jeudi 23 janvier
« Dans Océane, ce qui est fort, c’est Océan ». Le Canari s’est rendu à la projection du film documentaire OCÉAN organisée à l’UGC Ciné Cité de Lille par l’association Simone S’éveille. Une immersion totale dans l’intime du réalisateur et personnage principal : Océan.
Né sous le nom d’Océane, on suit le réalisateur dans sa première année de transition. Ce sont des fragments de vie. Entre visites médicales, moments entre potes, conversations houleuses avec sa mère, Océan nous dévoile tout. À la fois très personnel mais léger et plein d’humour, le film aborde les difficultés et les questionnements, parfois ignorés, que les personnes nées sous le mauvais genre peuvent rencontrer lors de leur transition.
Le film commence par sa première injection de testostérone. Ce geste médicalisé pouvant paraître anodin est pourtant riche de sens car il donne le point de départ de sa transition. Petit à petit sa voix va changer, puis son corps tout entier, pour devenir un corps d’homme. Le corps dont il a toujours rêvé. Celui qui est représentatif de ce qu’il est vraiment.
C’est ainsi qu’on commence à découvrir le quotidien et l’entourage d’Océan. Ses amis le soutiennent dans ce changement. Même si parfois ils ont du mal à utiliser les bons termes, ils sont vite rectifiés. Océan insiste pour les reprendre. « Ce n’est pas un changement de sexe, c’est un changement de genre. » Différence importante. Il est question de changer la perception sociale qui est faite de lui. Être défini comme un homme trans et non plus comme une femme. C’est tout l’enjeu de la transformation ; changer son corps mais aussi changer le regard des autres.
La confusion sur les termes à employer pour le définir est récurrente, mais cela est une opportunité pour éduquer sur cette thématique, qui reste méconnue lorsque nous n’y sommes pas confrontés. C’est pour cela que le film est intéressant, il permet d’enseigner les personnes traversant la même situation. C’est à la fois par la maladresse de ses proches, les témoignages de ses amis trans et les nombreuses difficultés qu’Océan doit lui-même traverser tout au long du film que le spectateur est éclairé.
Entre les démarches entreprises pour changer son état civil, les consultations auprès de médecins pour se faire retirer la poitrine, ou encore les problématiques que peuvent engendrer cette transition dans son travail de comédien, les obstacles sont nombreux. Et pourtant, sa détermination ne faiblit pas.
Pour sa famille c’est une autre histoire. L’adaptation est compliquée. Certains parlent de deuil de son ancien lui. « Je ne suis pas mort ! » rétorque-t-il. Il s’agit pour les autres de faire le deuil d’une projection qu’ils avaient de lui. D’autres, comme sa mère, refusent tout simplement ce changement. « Tu ne seras pas un homme. Tu ne seras pas mon fils. », dit-elle. Un changement difficile à accepter pour une mère. Tellement difficile qu’après un an, la question se pose de mettre un terme à leur relation. « Si tu ne veux pas reconnaître qui je deviens, si tu veux continuer à me genrer au féminin et à m’appeler Océane, dans ce cas tu n’es plus ma mère, tu es mon ex-mère, tu es la mère d’Océane. » Le discours de cette mère, poussée en dehors de sa zone de confort, est riche de sens. Il incarne cette société, terriblement ignorante, réfractaire et pleine de jugement.
Néanmoins, Océan l’assure aujourd’hui, cela a mis du temps, mais sa relation avec sa mère va beaucoup mieux. Celle-ci a accepté sa transition et se tient maintenant à ses côtés. Preuve, peut-être, que les mentalités, avec un peu de temps, finiront par changer.
Léger par son humour mais pourtant si nécessaire, OCÉAN est un film à voir. Bien qu’il ne soit pas exhaustif, il retrace un parcours, un témoignage, une histoire, une voix qui mérite d’être entendue.
Si ce film vous intéresse, les 10 mini épisodes qui constituent le film sont disponibles en accès libre sur Youtube via ce lien :
Bon visionnage !
Lisa Fontaine
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