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Quel paysage politique au lendemain de la présidentielle ?

Marius Grolleron

L’élection présidentielle a lieu dans deux semaines. Si tous les candidats se disent concentrés sur cette échéance, il se joue déjà depuis plusieurs mois la recomposition du paysage politique post-élection 2022. Evidemment, cette recomposition dépendra du résultat des scrutins des 10 et 24 avrils prochains.


Cependant, même si une élection n’est jamais jouée d’avance et qu’en deux semaines, beaucoup de choses peuvent encore se passer, un scénario semble sortir du lot : la réélection du Président sortant Emmanuel Macron. Cette analyse va être élaborée autour de l’hypothèse de cette réélection.


Crédit photo : Paris Normandie


Pour commencer, il semble important de faire une brève visualisation du paysage politique. A deux semaines du premier tour, Emmanuel Macron est donné gagnant avec 28% d’intentions de vote au premier tour suivie par Marine Le Pen avec 20% d’intentions de votes. En troisième, quatrième et cinquième position on retrouve respectivement Jean-Luc Mélenchon (14%), Éric Zemmour (12%) et Valérie Pécresse (11%) (Chiffres venant de l’IFOP le 24/03/2022*). Au second tour, Emmanuel Macron est donné gagnant face à Marine Le Pen avec 54,5% d’intentions de vote.


Ainsi, les forces politiques travaillent déjà depuis plusieurs mois à la recomposition du champs politique après l’élection d’avril. L’échéance suivante sera forcément les élections législatives qui doivent normalement avoir lieu en juin.


A droite, un second tour Marine Le Pen – Macron serait catastrophique en ce qu’il obligerait Les Républicains (déjà divisés sur cette question) à faire un choix entre les deux finalistes. Ces derniers mois ont sonné comme une annonce de la fracture à venir, notamment marqué par des départs vers l’extrême droite et vers le président sortant. La droite de gouvernement semble aujourd’hui fracturée en deux et un second tour tel qu’il est aujourd’hui imaginé serait le pire des scénarios. Le clivage interne est flagrant entre un personnage comme Éric Ciotti qui a annoncé soutenir Eric Zemmour en cas de second tour face à Macron et Éric Woerth (excusez cette succession d’Eric) qui a récemment annoncé son soutien au Président. Le basculement pourrait arriver avant le 10 avril en cas de soutien de l’ancien Président Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron.


De cette manière, une stratégie politique pertinente chez LR pourrait être d’encourager la progression de Jean-Luc Mélenchon afin d’éviter un second tour : Macron – extrême droite et ainsi de repousser ce point de bascule. La droite « modérée » semble malgré tout en difficulté et un délitement complet durant un potentiel second mandat d’Emmanuel Macron est plus que probable.


A l’extrême droite, les choses ne sont pas beaucoup plus joyeuses. Sauf peut-être pour une femme qui doit se frotter les mains de la situation à droite et qui peut maintenant croire en son rêve, je parle évidement de Marion Maréchal Le Pen. Une défaite des Républicains au premier tour suivie d’une défaite de sa tante au second marquerait le début d’une nouvelle ère, peut-être guidée par Marion Maréchal. En effet, l’ancienne député du Front National a récemment annoncé son soutien à Éric Zemmour et partage un projet commun avec ce dernier : l’Union des droites.


Il est fort à parier qu’en cas de défaite, Marine Le Pen quittera la scène politique ; Éric Zemmour quant à lui ne semble pas voué à jouer les leaders de l’opposition durant les cinq prochaines années. Marion Maréchal disposerait alors d’un espace politique allant de la droite d’Emmanuel Macron à celle d’Eric Zemmour en passant par Marine Le Pen.


A gauche l’avenir ne semble peut-être moins en commun (désolé Monsieur Mélenchon). Le candidat insoumis connaît cependant une nette progression ces dernières semaines et un second tour n’est pas à exclure pour le député. Il essaye depuis plusieurs jours de se présenter comme le « vote stratégique » (il a toujours refusé le terme de « vote utile ») à gauche et dispose notamment du soutien de Ségolène Royale. Les écologistes ne semblent pas partis pour battre leur record à l’élection présidentielle (élection de 2002 : 5,3% avec Noël Mamère) en ne disposant aujourd’hui que de 5% des intentions de vote (avec une dynamique à la baisse).


Au Parti Socialiste (PS), l’ambiance n’est pas plus festive. Les défections vers Emmanuel Macron continuent (Valls, Chevènement, Touraine, Guigou), la sociale démocratie semble tiraillée entre Macron, Jadot, Roussel et Mélenchon. Le PS semble avoir oublié son essence, la lutte contre les inégalités sociales au profit de questions d’identités souvent mal abordées. Le Parti Socialiste semble dans l’obligation de se refonder et une nouvelle fraîcheur semble vitale (changement de nom par exemple, pour marquer une nouvelle ère). Un retour de François Hollande semble probable, comme le révélait le Monde début mars, l’ancien Président s’étant préparé pour l’élection d’avril et l’idée d’un retour semble lui trotter dans la tête.


Le réel problème de la gauche est le fait que ses valeurs créatrices (lutte contre les inégalités sociales, lutte contre le chômage) sont aujourd’hui incarnées uniquement par un candidat d’ultra gauche (et une candidate d’extrême droite). A ce titre, il est difficile pour la gauche modérée d’appeler au rassemblement derrière le candidat de La France Insoumise.


Enfin, pour ce qui concerne la majorité présidentielle elle-même, en cas de réélection en 2022, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter en 2027. Cependant son successeur semble tout trouvé, Edouard Philippe ayant lancé son propre parti « Horizon » en novembre dernier et qui semble focalisé sur l’élection de 2027. Malgré tout, il s’agit là d’une échéance bien lointaine, conditionnée à un ensemble d’autres facteurs.


*Les sondages ne sont pas des pronostics mais donnent uniquement une image de l’électorat à un moment T.

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