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Louise Fournier

Quand l’activité humaine favorise l’émergence de virus

La population mondiale se trouve actuellement au cœur d’une pandémie : le Covid-19. Ce virus est ce que l’on appelle une zoonose, c’est à dire une maladie commune à l’Homme et l’animal. Il nous aurait en effet été transmis par le pangolin, ayant servi d’hôte entre la chauve-souris et l’espèce humaine. Loin d’être un cas isolé, 60% des maladies infectieuses chez l’Homme sont transmises par les animaux, alors que 3/4 des maladies nouvelles ou émergentes affectant l’Homme sont d’origine animale.




Cependant, la responsabilité des Hommes dans le développement de ces virus est importante : déforestation, élevages intensifs, commerce mondial, entrée dans de nouveaux écosystèmes et urbanisation sont des facteurs favorisant la transmission de maladies.

L’activité humaine sur notre écosystème n’est pas sans conséquences, comme l’illustre le virus NIPAH, apparu pour la première fois en Malaisie en 1998. À la suite de programmes de déforestation afin d’y cultiver des plantations d'huile de palme, des chauve-souris ont été contraintes de changer d’habitat. Elles se sont alors réfugiées sur des arbres fruitiers présents à proximité d'élevages de porcs. Via leurs urines et déjections, les chauve-souris ont contaminé la nourriture des porcs qui ont, par la suite, été également contaminés. Résultat : en consommant de la viande de porcs, les Hommes furent eux aussi porteurs de la maladie. Notre improbable entrée dans l’espace de vie des chauve-souris a ainsi fait émerger un nouveau virus. Au fil du temps, l’Homme se rapproche de la faune sauvage. Nous monopolisons l’espace naturel au profit de l’idéologie capitaliste, profit avant tout oblige, mais à quel prix ?

Le Covid-19 illustre également cet impact de l’activité humaine dans la transmission du virus. Le pangolin est l’animal le plus braconné au monde et est aujourd’hui menacé. Son commerce est illégal mais existe pourtant en Chine, au Gabon ou au Cameroun par exemple. Notre rapport avec le vivant et notamment avec les espaces sauvages favorise ainsi l’émergence de nouvelles maladies chez l’Homme. Les exemples du même type sont nombreux : d’autres maladies infectieuses tels que Ebola, la grippe aviaire (H5N1) ou encore la grippe A (H1N1) sont elles aussi d’origine animale. L’Homme jouant toujours un rôle central dans l’émergence de ces virus.

L’élevage intensif ainsi que l’envahissement des espaces naturels est problématique pour une autre raison, l’antibio-résistance. Au contact d’antibiotiques, les bactéries se défendent et deviennent ensuite insensibles à l’action de ceux-ci. Plus la dose administrée est grande et/ou régulière, plus leurs défenses se développent. Quel rapport me diriez-vous ? Les premiers consommateurs d’antibiotiques au monde sont les animaux d’élevage, 50% de la production leurs étant destinés. Voués à être consommés, ces animaux doivent en effet être « sains ». Les antibiotiques sont donc utilisés afin de les soigner mais également pour les prévenir de toutes maladies contagieuses. Les animaux étant standardisés, uniformisés, le virus n’a même plus besoin de s’adapter à chaque bête. En cas de maladies, les élevages intensifs sont donc décimés, faute de diversité. Pour en revenir aux antibiotiques, cette résistance que développent les animaux se transmet à l’Homme via les bactéries zoonotiques et cela, par voie alimentaire, par contact direct ou au travers des cultures vivrières traitées avec du fumier animal. Même schéma concernant les fruits issus de vergers traités aux antibiotiques ou concernant la consommation d’eau également contaminée.

Cette antibio-résistance pose donc problème lorsqu’il s’agit de traiter un patient atteint d’un virus, les médicaments étant de ce fait moins efficaces.


Source : Gouvernement du Canada


Une fois contracté, le virus se propage. Le commerce mondial y joue un rôle important puisque les animaux porteurs de virus comme les porcs, sont parfois envoyés à l’autre bout du monde afin d’être consommés. De plus, la mondialisation encourage les flux humains entre pays ce qui résulte en une propagation rapide, de portée mondiale. C’est d’ailleurs ce que nous a montré le Covid-19 qui n’épargne désormais plus qu’une dizaine de pays.

Au sein des États eux même, l’urbanisation favorise également la circulation du virus. Notre manière d’habiter la planète terre accélère la transmission de maladies infectieuses. L’exode rural a engendré une augmentation de la concentration d’habitants au km2. Les interactions sociales sont donc plus nombreuses et, conséquemment, le virus se propage plus rapidement et touche plus de personnes.

Le Covid-19 est donc une énième alerte concernant notre manière d’occuper et de traiter le vivant. C’est un avertissement fort qui nous invite à étudier ce virus et à en tirer des conclusions, terre fertile pour de possibles changements.

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