u’est ce qui nous arrive ? C’est la question que se posait le physicien et philosophe français Marc Halevy mercredi soir à la CCI Grand Lille, et le Canari y était.
« Le changement de logique économique que nous vivons et dont les crises et turbulences actuelles ne sont que les manifestations apparentes, peut être compris en constatant que de telles bifurcations se répètent tous les 500 ans environ. La logique de l’économie marchande que nous avons hérité de la Renaissance se heurte à cinq ruptures majeures ». Ces ruptures, auxquelles nous devons faire face ne seraient, selon le conférencier, que cycliques et ne correspondraient qu’à un changement de paradigme face auquel les générations futures doivent se préparer. Mais se préparer à quoi finalement ? Personne ne sait vraiment quand ce tournant aura lieu, s’il a déjà eu lieu et ce qui arrivera ensuite.
Dans un monde de plus de 7 milliards d’habitants - et en constante augmentation - les ressources alimentaires deviennent une denrée rare. C’est ainsi que se pose la première rupture de notre système socio-économique. Le décalage entre l’offre et la demande de ressources serait désormais irréversible et Marc Halevy insiste sur le fait qu’aujourd’hui les énergies renouvelables produisent à peine 15% de la demande globale et ne dépasseront jamais les 20%. Le jour où les énergies non-renouvelables seront épuisées, il n’y aura de ressources que pour 2 milliards de personnes.
« Dans un monde d’hyperconsommation, il faut pouvoir s’accorder à la frugalité joyeuse. » moins mais mieux.
La seconde rupture est issue de l’apparition des nouvelles technologies. Des robots, oui mais pour quoi ? Rien qu’en Europe d’ici quelques années, 40% du travail réalisé par les hommes sera fait par des robots, mais est-ce réellement un atout pour notre société ?
Combien de fois avons-nous posé des questions à Google et nous avions déjà la réponse sans même l’avoir fini… Et combien de fois Google nous a-t-il donné la réponse à des questions que nous ne nous étions pas encore posées ? Combien de fois nous-a-t-il donné envie de choses auxquelles nous n’avions jamais porté d’intérêt auparavant ? C’est en continuant cette logique qu’on se rend compte qu’il n’y a même plus besoin de faire d’élection puisque nous sommes façonnés par les réseaux finissant par savoir mieux que nous ce que l’on attend.
« Face à la déculturation par le mauvais numérique, il faut se libérer des technologies pour s’accomplir dans l’intelligence technologique. » arrêter de dire oui
Il s’ensuit une révolution sociologique. Lorsque le nombre d’acteurs augmente, l’intensité et la fréquence des interactions augmentent également : on a définitivement aboli la notion d’espace et de temps avec des messages qui se propagent infiniment plus vite ! Alors que nos professeurs, parents, famille nous ont appris à vivre dans une société à pyramide hiérarchique, il serait peut-être temps d’imaginer une arborescence linéaire, en réseau et accepter l’interdépendance.
« Face à la complexification du monde, il faut se libérer de la normalisation des pyramides centralisées pour s’accomplir dans des communautés en réseaux collaboratifs. » autonomie, subsidiarité et solidarité
L’économie est également en rupture avec elle-même. Dans une économie de taille et de masse, où plus l’entreprise est grosse, mieux elle impose ses règles sur le marché, il est surement temps de refuser cette économie de « non-qualité des produits » pour une économie « d’intelligence et de valeurs ».
« Face à la non-qualité de tout, il faut se libérer de la tyrannie des prix bas pour s’accorder dans la virtuosité des valeurs d’usage. »
Et enfin, la dernière révolution que l’on a connu ses dernières années est celle de l’éthologie. Il n’est plus suffisant de réussir dans la vie mais bien de réussir SA vie, passer de l’extériorité à l’intériorité, rejeter le superflu et ne garder que l’essentiel.
« Il est primordial de réussir la vie en soi et autour de soi. » spiritualité, intériorité, éthique
Le philosophe enseigne aux nouvelles générations l’importance d’innover et de prendre des risques. En effet, la raison de l’incertitude qui règne se trouve principalement dans le fait que nous la forgeons nous-même en tant que principaux acteurs de demain.
« Ce qui est facile ne vaut rien »
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