Après deux ans et demi à cause de la crise sanitaire, le Paris-Roubaix a eu l’occasion de retrouver son public ce week-end. L’édition 2021 a su se rendre attractive à bien des égards, comme par la rudesse des conditions climatiques, le nombre important de chutes ou encore la première course féminine depuis la création de l’évènement en 1896.
ERIC LALMAND / BELGA / AFP
La première édition féminine d’une course mythique
Le Paris-Roubaix, existant depuis 1896, faisant d’elle l’une des plus vieilles courses cyclistes, n’avait encore jamais été organisée pour les femmes. 125 ans plus tard, le pas a donc été franchi afin de la mettre en œuvre.
Pour cette première édition de « l’enfer du Nord », les cyclistes dames ont pu goûter à la difficulté explicitée par ce surnom. Au départ de Denain ce samedi 2 octobre, près de Valenciennes, avec un parcours de 116 km, les coureuses ont senti la boue et l’humidité de la piste et des pavés. Nombre d’entre elles ont d’ailleurs chuté, notamment sur les 29 km de pavés que comportait leur parcours. Ces pavés sont caractéristiques de cet évènement typique du Nord de la France.
Mais parmi les 129 concurrentes, une s’est nettement démarquée. La britannique Elizabeth Deignan, dite « Lizzie », de l’équipe Trek-Segafredo, a mené une grande partie de la course. Plaçant une attaque à plus de 80km de l’arrivée, elle a pu se détacher et compter 2 minutes d’avance sur la fin de la course. La gestion de l’écart et l’avance lui permettant de faire plus attention au terrain glissant, son avance s’est confortée, jusqu’à franchir l’arrivée au vélodrome de Roubaix. Elle devient ainsi la première lauréate du Pavé de Roubaix, célèbre trophée de la course.
Une édition masculine aux allures de parcours du combattant
Après une première course au climat bagarreur le samedi, la journée de dimanche va se révéler pire encore. Au départ de Compiègne avec un parcours de 257 km et 174 participants, la course s’annonçait au moins aussi attractive que celle de la veille. Elle se révélera plus disputée, et sous des pluies encore plus importantes. Une image choc du week-end est celle de certaines portions de la course noyées sous 20 cm d’eau, empruntées par des cyclistes couverts de boue. Evidemment, avec les plus de 50 km de pavés, les chutes étaient attendues. Certaines ont pu concerner jusqu’à 6 cyclistes simultanément, et l’on a même pu voir des motos d’assistance se renverser, gênant à leur tour les coureurs. Parmi les figures connues, on a pu voir Peter Sagan perdre le contrôle, ou encore l’italien Moscon, doublant avec une crevaison le forçant à abandonner. Ce dernier peut se sentir maudit, lui qui faisait encore course en tête au moment de l’abandon technique, à 50 km de l’arrivée.
La compétition pour le titre, elle, a commencé plus tôt. Avec les attaques de l’italien Sonny Colbrelli à 85 km de Roubaix, pour revenir vers le groupe des meneurs, c’est toute la tête qui s’est enflammée. Les belges Wout Van Aert et Florian Vermeersch ou encore le néerlandais Van der Poel ont participé aux chassés-croisés qui ont rythmé la course. Alors que Vermeersch, Van der Poel et Colbrelli se détachaient à 11 kms, il semblait certain que le finish se jouerait aux forceps. Ce n’est en effet que dans le vélodrome de Roubaix, dans la dernière accélération, que la différence s’est faite au profit de l’italien, laissant Vermeersch deuxième et Van der Poel troisième, malgré des performances exceptionnelles.
Pour Sonny Colbrelli, ce fut une façon de montrer sa forme du moment, après avoir gagné les championnats d’Europe en septembre 2021. Il remporte aussi le Pavé de Roubaix lors de sa première participation, une première depuis 1955. Il a montré sa joie à l’arrivée, maculé de boue et trempé, mais heureux et fier.
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Après un week-end fou vient la polémique
Au terme de ces deux courses marquantes, certains sujets ont quand même été amenés à faire polémique. Si la première édition féminine représente une avancée pour l’égalité des sexes dans le sport professionnel, elle ne l’est pas complétement. Il a été révélé que la prime pour les lauréats de chaque catégorie sont disproportionnées. Le vainqueur masculin remporte une prime à hauteur de 30 000€, contre seulement 1500€ pour son équivalent féminin.
L’équipe d’Elizabeth Deignan, Trek-Segafredo, a en conséquence annoncé financer la différence pour sa coureuse, mais aucune mesure n’a été déclarée de la part des organismes organisateurs. Mais la polémique ne va pas s’arrêter tout de suite, malgré le geste de l’équipe.
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