Série photographique, par Mario Joly
Les manifestants de l’association “kadın cinayetlerini durduracağız” (Nous arrêterons le féminicide) devant l’Opéra Süreyya dans une des rues centrale du quartier de Kadikoy.
Cette année, la manifestation du 8 mars pour les droits des femmes à Istanbul a dû se faire officiellement une semaine plus tôt, hors de la place Taksim, point de rassemblement symbolique de la ville. Sans oublier le mouvement protestataire massif de 2013 touchant l'ensemble de la Turquie, cette interdiction témoigne d’un gouvernement répressif craignant la surmobilisation.
En étant l’une des principales associations féministes de Turquie, elle publie chaque année un rapport calculant l’évolution de la condition des femmes. En 2023, elle constatait plus de 315 féminicides et au moins 248 morts suspectes.
Ces Kadın (Femmes) n’oublient pas de rappeler l’importance capitale d'un meilleur contrôle législatif pour la défense de leurs droits, un des messages maître de cette mobilisation.
L’événement est marqué par une forte présence policière en surnombre très organisé, missionné de guider méticuleusement chaque cortège au point de rassemblement central. Soulignant une fois de plus le patriarcat ancré dans la société turque: avec une majorité de policiers hommes et manifestants femmes.
Des femmes en habits traditionnels Kurde sous la bannière du Halkların Demokratik Partisi (Parti démocratique des peuples), rappelant que la diaspora Kurde en Turquie est recensé à près de 18 millions.
Une fois tous les cortèges rassemblés au Square de Kadiköy, sous l'oeil de la statue d'Atatürk, fondateur admiré et controversé de la Turquie moderne, ces différents drapeaux nous rappelle que l’enjeu est plus que de garantir le droit des femmes, ce sont le droit de nombreuses communautés oubliées qui sont défendus.
Quand l’inquiétude apparaît, la confiance des aînés se dessine sur leur visage, consciente du chemin parcouru et qui reste.
Le regard était ma priorité, pour comprendre en dehors de cette manifestation physique ce qu’ils en ressentaient et pensaient vraiment. Recherchant l’absence de mots, j’essayais de percevoir ce que les manifestants pouvaient transmettre à une population divisée de par la sensibilisation et l’attrait à ces sujets. Mes sens étaient consacrés à une compréhension humaine, rejetant toutes formes de cynisme incompatible.
Par Mario Joly Tous droits réservés
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