Le « Corona Virus », nous connaissons dorénavant tous très bien cette maladie… Mais saviez-vous qu’elle est malheureusement le déclencheur indirect d’autres maladies ? En effet, suite aux différents confinements, des millions de jeunes se sont retrouvés enfermés chez eux et cela a pu affecter la santé de certains. Les professeurs dans les écoles primaire et dans les lycées nous l’ont confirmé : certains élèves sont revenus en classe en présentant un surpoids.
Cependant, il est important de souligner qu’il n’existe pas, ou très peu, de sensibilisation à cette problématique dans l’environnement scolaire.
Nous sommes étudiants à l’université de l’ILIS (Faculté de l’Ingénierie et du Management de la santé) de Lille. Dans le cadre de nos études, nous devons mener un projet philanthropique qui va se dérouler tout au long de l’année. Notre association est composée de cinq personnes toutes issues de la même filière, d’une licence Sciences Sanitaires et Sociales avec une option santé. Cette dernière nous permettra d’accéder à la deuxième année de médecine, dentaire, pharmacie ou kiné. L’obésité nous touche donc tout particulièrement en tant qu’étudiants en santé.
Comment pouvons-nous expliquer ce phénomène qui est très peu abordé par les médias ? La réponse semble, en ces temps de confinement, plutôt claire : l’enfermement a accentué la consommation d’une alimentation déséquilibrée et l’absence de la pratique d’une activité physique régulière. Malheureusement, en plus de l’accentuation de nombreuses pathologies de l’obésité, il existe une stigmatisation des personnes atteintes dans notre société qui est à l’origine de nombreuses inégalités sur les plans professionnels et/ou sociaux.
Les résultats d’une étude menée en octobre 2013 par des chercheurs écossais de l’université d’Aberdeen révèlent qu’aujourd’hui, l’idéal minceur prime. En effet, ils ont proposé à 1300 participants de 10 pays (dont la France), hommes et femmes, d’établir un classement de 21 femmes aux silhouettes différentes, de la plus à la moins attirante. Ce sont les femmes avec un faible Indice de Masse Corporelle, qui ont été privilégiées.
Prenant conscience de cette stigmatisation, notre but est simple : sensibiliser un maximum de jeunes aux dangers que représente l’obésité afin de les conseiller sur l’adoption d’une bonne hygiène de vie, des repas plus sains et l’importance de pratiquer une activité physique notamment. Nous avons décidé de mettre en place cette prévention car l’obésité est une maladie qui est jugée « tabou » en milieu scolaire. Pourtant, selon l’OMS, 4 % des enfants âgés de 6 à 17 ans sont touchés par cette maladie.
Nous sommes ainsi intervenus au lycée Saint Martin à Roubaix le 12 février, à l’école Ernest Rébaux de Roubaix le vendredi 12 mars puis au lycée Baggio de Lille le 30 mars.
Lycée Saint-Martin, 2nde Ecole Ernest Rébaux, CM1-CM2 Lycée Baggio, 2nde
Nous nous sommes donnés comme mission de mieux expliquer cette situation aux plus jeunes afin de réduire le harcèlement scolaire ou les discriminations qui peuvent exister au sein de certains établissements. En effet, en 2014, une étude de l'Université de Louvain estime que 35% des élèves sont victimes de harcèlement. Nous devons donc les sensibiliser à la grossophobie et déconstruire avec eux les stéréotypes sur ce sujet.
Nos échanges ont duré 2 heures chacun. Pendant la première heure, nous avons donné un cours avec des définitions et des notions. Le but est d’enrichir leurs connaissances sur cette maladie, voire même de la faire découvrir pour certains élèves. Puis, lors de la deuxième heure, nous avons réalisé deux exercices : le calcul de l’Indice de Masse Corporelle et une activité basée sur les repas, où les élèves devaient nous présenter quels étaient pour eux leurs menus équilibrés de la journée. Puis dans un 3ème temps, nous avons mis en place un système de questions-réponses axé sur leur vision de l’obésité. Nous avons pu constater que celles-ci étaient assez hésitantes et floues. Certains élèves de CM2 nous ont même partagé les surnoms qu’ils ont pu recevoir par certains camarades, comme « bouboule », « sac à patate » et bien d’autres.
Après la correction, nous avons pu informer les élèves des solutions existantes, comme par exemple en parler avec un professionnel de santé ou même son professeur. Néanmoins, certains élèves de seconde nous ont fait part de leurs inquiétudes, du fait d’en parler ouvertement à un professeur ou une infirmière. Nous leur avons donc transmis les sites Internet et les numéros de téléphone, mis en place par le gouvernement, comme le site mangerbouger.fr. La majorité des élèves ne connaissaient pas leur existence ou avaient simplement une appréhension négative à leur sujet.
Voici maintenant quelques chiffres qui vont attirer votre attention : la majorité des élèves ne mangent que 3 fruits et légumes par jour, et 75% de ces élèves n’ont pas pratiqué d’activité physique régulière pendant les confinements :
Études réalisées sur 24 élèves de terminale lycée Saint Martin
Après ces interventions, les retours des QCM nous ont montrés que 79% des élèves de toutes ces écoles confondues pensent que la principale cause de l’obésité est la nourriture, alors qu’il ne faut pas négliger les facteurs génétiques qui l’accentuent. Certains élèves ont pu se rendre compte qu’il ne faut pas considérer les personnes dans cette situation comme fautives ou responsables.
Les jeunes sont donc de plus en plus exposés et susceptibles d’être influencés notamment par l’image des femmes et des hommes que renvoient la majorité des réseaux sociaux. Selon l’étude réalisée en 2018 par l’association Themis, 50% des enfants âgés de 8 à 10 ans déclarent se connecter plusieurs heures par jour sur Internet.
La société moderne met en effet très fortement l’accent sur l’apparence physique. Pour nous, il est donc important de ne pas laisser ces codes créer des idéaux dans la tête des plus jeunes. Il serait donc plus judicieux de tirer profil des réseaux sociaux pour promouvoir la santé.
Ainsi, c’est grâce à l’implication des élèves que nous avons pu réussir à les sensibiliser à cette maladie et briser les barrières de ce sujet délicat.
Inès MERHAB et son équipe Sensibilis’ation Obesity
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