Le lancement du pass culture a été l’occasion d’apercevoir la plupart des jeunes français de 18 ans sortant avec des sacs entiers de mangas.
Ils font partie de la génération Millenials : des ados entre 13 et 25 ans, fans de la culture japonaise.
Comment expliquer ce phénomène de popularité nippone en terres occidentales et plus précisément en France ?
Le premier élément explicatif de cet engouement peut être le confinement, pendant lequel les jeunes étaient condamnés à rester à la maison et à suivre des cours en distance. Le seul moyen de s’échapper, et de découvrir de nouveaux horizons était l’usage d’Internet. La plupart d’entre eux étant revenus vivre chez leurs parents, ils ont alors pu voyager jusqu’à la terre du soleil levant : mangas, animés, jeux-vidéo et vlogs dans les rues de Tokyo. Tout ce contenu gratuitement accessible a permis de se familiariser avec des traditions radicalement différentes de la nôtre.
Les visuels animés, dessinés, et les intrigues s’inscrivent dans un registre qui peut nous paraître très décalé et surprenant (prenons l’exemple d’un alien qui se transforme en monstre dans la main d’un homme, typiquement japonais). C’est cette créativité sans borne qui séduit, intrigue et captive les Français en manque de sensations et de nouveautés. Au-delà des frontières du pays insulaire, la culture pop a joué un rôle de refuge pour les ados et jeunes adultes. Un abri positif dans un monde en pleine pandémie, parsemé de crises politiques, de scandales, et en urgence environnementale.
Cependant, le risque de cette effervescence pour le monde japonais est celui de la mondialisation et donc sa perte en termes de propositions uniques.
S’il est honorable pour les jeunes de s’ouvrir à une culture étrangère, cet intérêt reste toutefois limité et lié à des stéréotypes de la population nippone. Cela va sans dire que les premiers jugements envers la société japonaise repose sur le fait qu’elle est composée d’individus travailleurs, timides et réservés. Or, l’Histoire nous a montré qu’elle avait aussi une tendance à la violence, et au patriotisme fort quand la nation est attaquée (les exemples de la guerre de Corée ou de l’invasion de la Manchourie). Pour la majorité des mangas populaires, ils ne reflètent pas des époques clés de l’histoire du pays. Rares sont ceux qui traitent de la période Edo, des Geishas, des traditions comme celle du thé, de la construction de Tokyo des Samouraïs etc.
Aussi, ce phénomène ne traduit pas une situation d’égalité entre l’influence du soft power français et japonais : il semblerait qu’il y ait plus de bénéfices pour le second que pour le premier. D’un côté, les étudiants et jeunes apprentis français (représentant une occupation à Tokyo qui progresse de 4,29% tous les ans), partent découvrir le mode de vie à la japonaise et ceux restant au pays achètent massivement les produits culturels en vogue, comme ceux de One Piece, l’Attaque des titans, ou encore du matériel de cosplay par exemple. D’un autre côté, la France y gagne la reconnaissance du caractère élégant de sa gastronomie, de ses monuments en attirant quelques touristes asiatiques. Il est important de noter l’attrait restreint pour notre pays puisque pour, l’essentiel c’est Paris qui les fait rêver. Il est tout de même nécessaire de constater les déménagements de japonais en France, ayant décidé de franchir le cap du simple voyage pour s’installer avec un amour rencontré, ou encore y exercer un métier.
La France et le Japon reste des partenaires diplomatiques sains et leur population présentent une admiration réciproque.
Pour prendre le temps d’approfondir et d’apprécier cette culture riche, nous conseillons la chaîne Inhibant Japan sur Youtube.
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