Depuis 1990, le mois de Novembre aux Etats-Unis est consacré aux amérindiens ; c’est le « Native American Heritage Month ». Il a été instauré par George H. W. Bush en 1990 et il permet aux autochtones de partager leur culture, leurs traditions et leur mode de vie.
L'arrivée des Européens en Amérique du Nord à partir du 16e siècle provoqua d'importantes conséquences sur les Amérindiens : leur nombre s'effondra à cause des maladies comme la variole ou la grippe, des guerres et des mauvais traitements. Leurs terres ont été volées par les colons et ils ont été expropriés de force. De nombreux torts leur ont été causés et peu de réparations leur ont été octroyées.
Aujourd’hui, nous assistons peu à peu à une renaissance des communautés amérindiennes qui obtiennent de plus en plus de droits. La citoyenneté américaine leur a été accordée en 1924 grâce au « Indian Citizenship Act ». Ils ont également obtenu le droit d’ouvrir des casinos en 1980, ce qui leur a permis d’enrichir et de développer les communautés et tribus amérindiennes. Enfin, de multiples terres leur ont été rendues, notamment des terres qui appartenaient au gouvernement.
Dans l’Etat de New York et autour du lac Ontario se situe la Confédération Iroquoise qui regroupe 6 nations amérindiennes (Agniers, Onneiouts, Onondagas, Sénécas, Cayugas et Tuscaroras). Ceux qui sont le plus présents autour de l’Université de Niagara sont les Tuscaroras et les Sénécas. J’ai pu en rencontrer lors des différents évènements organisés à l’occasion de ce mois d’hommage.
Si la colonisation européenne est maintenant terminée, ils doivent dorénavant faire face à de nouveaux défis. A la croisée des revendications environnementales, les amérindiens se mobilisent contre la construction de gigantesques pipelines pétroliers sur leurs terres. Dès le début de son mandat, le 24 janvier 2017, Donald Trump a signé deux décrets autorisant la construction des pipelines Keystone XL et Dakota Access. Ce dernier concerne particulièrement les amérindiens car il passe près de la réserve indienne de Standing Rock. Leur première inquiétude est que l’eau et les terres soient pollués, ce qui serait dangereux pour leur santé mais les empêcherait aussi d’effectuer leurs cérémonies rituelles qui nécessitent une eau pure.
Leur lutte a été longue. Afin de stopper la progression du chantier, ils ont décidé de camper sur le tracé du pipeline. Cela a fonctionné pendant quelques mois, d’Avril 2016 à Février 2017, date d’exécution du décret de Donald Trump. Ces manifestations ont été largement relayées sur Internet notamment grâce au hashtag #NoDAPL. Dès l’installation du camp, de nombreux amérindiens, les hommes dans un premier temps, puis les femmes et les enfants, se sont joint à la cause. Les amérindiens ont alors retrouvé leur ancien mode de vie, en pleine connexion avec la nature. Le campement a accueilli plus de 10 000 personnes à son apogée, il était alors extrêmement difficile pour la police de disperser un tel nombre de personnes. Malheureusement une grosse tempête de neige les força à quitter le camp. Le décret de Trump a suivi et il était déjà trop tard : le pipeline était construit, là, sous leurs pieds.
Néanmoins la lutte est loin d’être terminée. Les amérindiens s’opposent aujourd’hui à un autre pipeline, le Northern Access (NAPL). Ils se battent également pour une meilleure reconnaissance de leurs droits. Le 10 mars 2017, ils ont organisé une grande marche au cœur de la capitale, Washington DC. La « Native Nations March » a rassemblé des milliers de personnes avec des amérindiens venus de tout le pays. Ils s’opposent directement aux politiques de Donald Trump, à contre-courant de celles de Barack Obama.
Ce 31 octobre, juste avant le début du « Native American Heritage Month », Donald Trump a décidé de déclarer que le mois de novembre serait aussi le « National American History and Founders Month ». Il ne cache pas sa volonté d’éclipser les amérindiens et souhaite à l’inverse mettre la lumière sur les colons et les pères fondateurs. Cette énième provocation montre le long chemin qu’il reste à faire pour que les droits des amérindiens soient respectés. Tout l’intérêt de ce mois d’hommage est de sensibiliser les américains à leur cause et cela fonctionne car de plus en plus de gens y deviennent sensibles. Les amérindiens le savent : leur meilleure arme est celle des urnes et de la démocratie.
« They are not dead
who live in the hearts
they leave behind »
- Proverbe Tuscarora
Alexandre Gouye
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