La deuxième moitié de 2021 a débuté sous les chapeaux de roue. Entre scandales économiques, politiques, reprise de la vie active, culturelle et économique ; nous avons vu émerger une nouvelle culture, celle de l’instantanéité.
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Les affaires retentissantes programmées pour éclater en même temps partout dans le monde ont suscité l’excitation populaire et l’effervescence des médias. Ainsi les Pandora Papers ou l’affaire des victimes des pédophilies de prêtres français ont été l’occasion pour les médias de relayer massivement les nouvelles ; et pour les populations d’accroître leur demande de transparence. La société dans laquelle nous vivons voit apparaître, depuis la création des chaînes en diffusion d’informations continue, un quatrième pouvoir : celui des médias. Ce pouvoir influant, intermédiaire entre le peuple et le monde politique exerce une pression sur les personnalités mandatées par la population. Cette pression c’est celle du danger de la découverte, de la divulgation des informations pour les porter à la connaissance de l’opinion générale. Il y a de cela 50 ans, il était encore possible de cacher des ristournes profitables, aujourd’hui les réseaux sociaux jouent le rôle non seulement de journalistes mais aussi de juges : n’importe qui peut dénoncer, les utilisateurs anonymes se chargeant de condamner, de bannir des individus de toute forme de vie sociale en se basant sur des accusations qui s’avèrent parfois n’être que des rumeurs. Les moyens de télécommunications modernes permettent à un événement d’avoir un impact bruyant et global, comme ce fut le cas pour l’affaire des Pandora Papers où des journalistes issus de régions et de journaux différents se sont harmonisés pour sortir le dossier en même temps.
L’instantanéité a aussi pour conséquence d’avoir un intérêt plus court et moins approfondi sur des sujets d’actualité. Lorsque des statistiques accusant les prêtres français d’actes de pédophilie, des médias du monde entier s’en sont emparé, donnant à cette affaire un écho mondial. Mais au-delà des accusations de ces coupables, aucune recherche n’a permis de comprendre le phénomène plus amplement. Les chaînes d’information en continu n’ont pas intérêt à proposer des reportages questionnant la place de la religion dans les pays d’Europe ou encore les mécanismes à l’œuvre dans le passage à l’acte des personnes pédophiles. En d’autres termes, l’information urgente et choquante est toujours privilégiée face à la compréhension d’un sujet. Les médias ne sont pas les seuls à être responsables de cette tendance, il n’y a qu’à regarder les réseaux sociaux. Notre attention est capturée de toute part, entre pubs, annonces, produits innovants, vidéos, notre cerveau s’ennuie lorsqu’il est question de se poser pour s’informer complètement. C’est là que l’on s’aperçoit de la rationalité d’’Aristote affirmant que le « désir est l’appétit de l’agréable », c’est-à-dire que l’Homme a une propension toute naturelle à préférer la satisfaction rapide et le passage à d’autres intérêts ou activités pour se stimuler.
Ce flot d’information présente des actualités dont l’importance importe peu lorsqu’il est question de la mettre en lumière, ainsi une pénurie de papier-toilette recevra autant d’attention médiatique que la guerre qui se prépare en Ukraine. Ainsi, les informations sont consommées au lieu d’être comprises et intégrées. Cela dit l’accès à l’information, la demande de transparence et de connaissance de la part de la population auquel répondent les médias, est un pas en faveur d’une société future plus consciente de ce qu’il se passe autour d’elle. Cette rapidité ne s’observe pas que dans le monde médiatique mais aussi dans nos moyens de manger (les fast-food), de se déplacer (le projet d’hyperloop, dans lequel des navettes magnétiques permettront de se déplacer encore plus vite qu’aujourd’hui), dans nos modes de vie (robot aspirateur connecté qui nous libère du temps, autocuiseur qui permet de nous préparer des plats rapidement) … L’Homme de 2022 expérimente plus de choses car plus de temps lui est offert et dégagé. Ce temps si précieux aux yeux du mortel va-t-il perpétuellement s’accélérer ? Ou assistera-t-on à des chemins alternatifs comme on peut déjà le voir avec les tendances de slow life, slow city, slow fashion ?
Pour aller plus loin
Hyperloop : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hyperloop
Sur les 'Pandora Papers' : https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/06/pandora-papers-une-onde-de-choc-mondiale_6097338_3210.html
Recommandation bibliographique : https://livre.fnac.com/a6963094/Hartmut-Rosa-Alienation-et-acceleration
Concernant l'affaire des prêtres : https://www.ciase.fr
Sur le concept de slow city : https://www.cittaslow.org
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