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Le Canari

La canonisation d’ΛVICII


Avicii le héro

La folie et les paillettes, l’euphorie des festivals enivrent nos étés. Mais cette année, une lumière vient de s’éteindre et un monolithe de la musique est tombé. De ceux qui parviennent à un tel niveau de célébrité, certains n’en reviennent pas. La roue folle qui les mène a étourdis bien des esprits. Elle fut fatale, la semaine dernière, à Tim ‘Avicii’ Bergling.

La trace qu’Avicii laisse sur la musique en général est ineffaçable, en mêlant son amour pour la country et la soul avec de la deep/progressive house. Une touche musicale unique et inoubliable. Il y avait pourtant en lui deux entités différentes, unies par l’amour de la musique.

Avicii le DJ a tué Avicii l’artiste.

De ‘producer’ à DJ

Depuis une dizaine d’années, l’EDM est devenue populaire. Avant, aucun DJ ou producteur n’imaginait que l’un d’entre eux ne puisse remplir les stades. Carl Cox est probablement le seul ‘vrai’ DJ à demeurer un spectacle dans le cirque d’Ibiza et Tomorrowland.

La plupart sont demeurés là où la musique est née, dans les entrepôts délaissés, les boites sombres et insalubres, les parkings et les raves illégales, ou les bars à vinyles, mais en-dehors des projecteurs et des feux d’artifices.

C’est là que le DJ est né, et il n’est pas fait pour en sortir.

Les meneurs de foule qui prêchent leur musique de leurs pupitres ne sont pas tous les Betthovens et les Presleys contemporains. Ils ne sont pas des DJ au sens noble du terme, mais des producteurs. Même DeadMau5 avouait monter sur scène, appuyer sur ‘Play’, et laisser danser la foule : « le vrai travail est dans le studio ».

Cela ne fait que raviver certains critiques de cette popularisation de l’EDM. En tête de ceux-ci, Little Louie, Paul Oakenford, ou Chip E.

Tim Bergling le martyr

« Il n’était pas fait pour ce genre de vie » a déclaré sa famille. C’était un artiste de chambre qui, dans l’intimité de son studio, peignait par le son et sculptait avec un ordinateur.

Avicii était un compositeur hors-pair, qui a révolutionné son genre. Dans 40 ans, quand les générations futures voudront écouter la meilleure de nos musiques, nous leur ferons écouter ‘True’, ‘Stories’, et ‘Avīci (01)’.

Avicii n’était pas un héros des platines. Il était même médiocre. DJ Tiësto a même avoué lui avoir appris à mixer la veille de son premier grand concert. A 21 ans, il s’est retrouvé sur l’une des scènes les plus grandes du monde, Ultra Miami.

Au bout de deux ans passés à tourner dans l’industrie électro, il était déjà alcoolique et alité (11 jours en 2012). Ses problèmes de santé l’ont forcé à quitter la scène en 2016 (quelques jours avant son concert à Ultra Miami).

C’est d’ailleurs sa maladie qui inspira grandement son second album, ‘Stories’. L’industrie musicale a tué Tim Bergling.

Avicii le saint

Les conséquences de sa disparition sont énormes : il est le premier grand DJ/producteur à nous quitter. Son spectre hantera désormais pour toujours vos soirées, festivals et playlists. Sa mort donne, paradoxalement, ses lettres de noblesses au genre EDM, en étant le premier à entrer dans son Panthéon.

Vous connaissiez surement Avicii le DJ, le meneur de foule et le prêtre derrière les platines : maintenant soyez les disciples de son testament musical qu’il laisse derrière lui. Son message ne s’exprimait pas véritablement lors d’un Coachella ou AMF, mais sur l’aiguille d’un lecteur de disque, ou dans le creux d’une oreillette.

Avicii vivra toujours, par sa musique.

Pour les plus dévoués, les derniers titres apocryphes qu’il laisse derrière lui circulent encore sur YouTube, au nombre desquels ‘Heaven’, ‘Oh Lord’, ‘No pleasing a Woman’ et ‘Forever Yours’. Ceux-ci ont soit été retirés de ‘Stories’, ou devaient être la seconde partie de son album ‘Avīci’ qui demeurera pour toujours incomplet…

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