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Alice Penard

Jean-Jacques Sempé, une vie pas vraiment toute tracée

“L’art sauvera le monde” disait Dostoïevski. Si désormais la noirceur des informations peut nous assourdir assez rapidement, il y a bien une chose qui peut nous réchauffer le cœur et l’esprit à n’importe quel moment. Et ceci, un artiste plutôt cosmopolite l’avait compris avant, mais aussi, après, beaucoup. Jean-Jacques Sempé. Il s’agit de l’art.



Ce nom, vous l’avez déjà certainement lu, entendu, peut-être même écrit ou évoqué. Ce nom, c’est celui de l’un des plus gigantesques dessinateurs que notre monde ait connu. C’est à lui que l’on doit le très connu de nos enfances Petit Nicolas, étant l’illustrateur de ce dernier, aux côtés des textes et mots de Goscinny (à qui l’on doit spécialement Astérix et Obélix). Dresseurs de la bande dessinée française, ils ont bouleversé les codes à eux deux.

Mais Jean-Jacques Sempé a aussi mis sa patte à l’édifice sur de nombreux supports, comme, modestement, un assez grand nombre de couvertures du mastodonte journalistique, le New Yorker. Ses dessins, aux allures juvéniles, aux couleurs et aquarelles particulièrement douces, et aux tracés légers, jamais grossiers, nous transportent dans un univers qu’il n’est pas difficile de caractériser comme extraordinairement idyllique.


Vous n’auriez pas envie de découvrir un peu de l’univers de l'artiste discret le plus connu ? Parce que nous… si.


Sempé est né en Gironde à Pessac précisément, durant l’année 1932. Ces années, après les années folles, sont celles de la crise, et des déséquilibres politiques émergents. Année de naissance de Chirac également… y verrions-nous un prémice politique ? Toutefois, ce n’est pas le sujet. Sempé naît, élevé par trois parents, sa mère, et deux pères, un biologique, un adoptif. Il ne s’épanouit guère dans son enfance, et se sent dans un milieu qui n’est pas forcément le sien. Plus tard, il enchaîne les boulots, sans y trouver d’intérêt quelconque. En 1950, quelques-uns de ses dessins sont placés et apparaissent dans Sud Ouest Dimanche dont la réputation auprès des grands illustrateurs n’est plus à faire. Sempé commence alors à se faire connaître. Cinq ans après, avec son fidèle ami Goscinny, le Petit Nicolas naît. Sempé monte à Paris et fait tout pour y rester, Paris, ville lumière, ville des artistes. On l’invite dans tous les plus grands journaux, L’Express, France Dimanche, Paris Match, Le Nouvel Observateur ou encore Le Figaro. Il devient aussi l’invité des grands noms, comme Brigitte Bardot, Françoise Sagan, Simone Signoret. « Paris est une fête » disait Hemingway, Sempé l’avait bien entendu. Mais malgré cette nuit éclairée incessante pour Sempé, il a su garder son savoir. Il savait tout dessiner, de lui-même aux jazzmen dans les night-club parisiens. C’est ainsi que le dessinateur va alors commencer à s’américaniser, et va devenir un des plus grands illustrateurs de France et des États Unis en intégrant le New Yorker, et donc du monde anglophone. Toute sa vie durant il célèbre et honoré la liberté d’expression. Antoine de Caunes dit de lui qu’il est le « seul à lui redonner le sourire même dans les circonstances les plus sombres »


Sempé nous a quittés le 11 août 2022, laissant des milliers d’amoureux artistiques l’âme en peine. Pour autant, et telle est la gloire éternelle de l’art, et c’est pour cette raison qu’il sauvera le monde, il n’est pas chronologique. Il se déplace, de siècles en siècles, voire de millénaires en millénaires. L’art de Sempé est infini. Nous concernant, notre seul devoir est de continuer à voir ce qu’il nous fait toujours regarder.


Alors, chers lecteurs, foncez voir son œuvre si vous ne la connaissez pas et dites-nous ce que cela vous inspire !




Alice Penard






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