Le « bas » de la chaîne
Le harcèlement sexuel est un sujet qui nous touche tous. Ce que l’on sait moins c’est que ce sont des femmes ouvrières, issues de milieux sociaux populaires qui ont parlé et exposé le problème les premières. Leur situation sociale précaire ne leur permettait pas de perdre une réputation et un poste important pour leur survie.
A l’époque de leur révolte, la société n’accorde que peu de place à la femme. Celle-ci ne vote pas, appartient à son mari dès qu’elle est mariée et doit rester à la maison pour s’occuper des enfants, de la cuisine, du ménage. Ces femmes étaient mariées à des hommes qui, eux, devaient préserver leur image au sein de la société. La femme dépendante de son mari doit pouvoir être irréprochable, elle n’a pas assez d’influence pour s’en prendre à un homme qui abuse d’elle sans « ridiculiser » son mari.
Pourtant, en 1905, à Limoges, une grève a lieu dans une entreprise de porcelaine. Certaines ouvrières se plaignaient de subir un chantage sexuel de la part d’un contremaître nommé Penaud. Elles n’avaient pas le choix, l’homme étant plus puissant qu’elles : soit elles lui obéissaient, soit elles étaient renvoyées.
Cette grève a montré la détermination de ces ouvrières à prendre en charge leur destin. Elles savaient que ce que qu’elles subissaient était injuste et leur petite grève n’est pas restée sans conséquence : elle s’est, par la suite, étendue à de nombreuses autres entreprises.
Néanmoins, l’opinion publique restait en faveur des plus puissants. Ceux qui étaient en mesure d’influencer le cours des choses ne se mouillaient pas. Ils avaient tout à y perdre, risquant du même coup leur réputation et leur emploi. La situation semblait donc sans issue.
Les femmes contre les femmes ?
En 1905, des femmes ouvrières, animées par un même désir de réparation, se sont ainsi unies pour manifester toutes ensemble. Si un tel événement se produisait de nos jours, la médiatisation et la sensibilisation aidant, ce ne serait pas une classe seule qui se révolterait mais toutes les femmes. Le mouvement MeToo constitue un bon exemple de cette évolution. En effet, suite à l’affaire Weinstein, des actrices et des militantes ont commencé à dénoncer le harcèlement sexuel et le monde entier s’est joint à leur cause.
Au XXème siècle, la division, si prononcée au XIXème siècle de la société en différentes classes, semble avoir perdu de son importance. Le féminisme connaît de timides débuts à l’aube du XXème. Des mouvements naissent principalement au sein des classes bourgeoises, les ouvrières y étaient peu présentes et les noires en étaient complètement exclues. Si toutes ne pouvaient y participer, ces mouvements tendent cependant vers un but ultime, l’égalité complète pour toutes et tous.
(c) Anne Bouho
De nos jours, le féminisme est vu comme un mouvement presque anarchique, criant à l’injustice face aux hommes, pour n’importe quoi. Il ne faut pas oublier que, comme ces femmes ouvrières de 1905, n’importe quel être humain a la possibilité de revendiquer ses droits et qu’il a la possibilité de manifester lorsqu’il les estime bafoués, peu importe sa classe, son genre, sa couleur, son orientation sexuelle...
Le féminisme se démocratise de plus en plus, le harcèlement sexuel devient moins tabou, mais attention à ne pas retourner à la case départ. Alors, soyons intelligents et comportons-nous dignement face aux injustices.
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