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Louise Fournier

Etudiants, "vous n'êtes pas oubliés". Vraiment ?


Crédits : @adele_grp sur instagram



Image soignée sur les réseaux, mots réconfortants, dialogue en face-à-face : Emmanuel Macron se veut rassurant envers les étudiants et cela, aussi bien en ligne que lors de ses déplacements. « Vous n’êtes pas oubliés » répète-t-il. Vraiment ? Jeudi 21 janvier, le président de la République s’est adressé aux étudiants dans un contexte particulier. Depuis quelques semaines, le hashtag "étudiants fantômes" a fleuri sur la toile, signe d’un ras-le-bol général de la jeune génération. Précarité, solitude, anxiété, décrochage scolaire : cela fait des mois que la population étudiante souffre de cette crise sanitaire qui s’éternise. Selon une récente étude Ipsos, près d’un jeune sur trois souffre de troubles de santé mentale et presque trois jeunes sur dix ont pensé qu’il vaudrait mieux qu’ils soient morts ou ont songé à se blesser. Psychologiquement, une profonde détresse se fait ressentir et pour cause, un sentiment d’abandon de la part du gouvernement et l’absence de mesures significatives en faveur des étudiants. Lorsque nos dirigeants décident enfin de briser cet insupportable ce silence, voilà que ces mêmes étudiants sont pointés du doigt, accusés de propager le virus en mangeant des bonbons traînant sur les tables, pour reprendre les mots de notre ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal. Invisibilisés et désormais infantilisés, cela en est trop. Suite à un appel à la grève lancé par les syndicats, des milliers d’étudiants se sont réunis le 20 janvier dernier afin de se faire entendre. « Les étudiant.e.s meurent de faim et d’angoisse » scande le syndicat étudiant UNEF. En parallèle, des centaines de lettres ouvertes adressées au président de la République sont publiées sur les réseaux sociaux, des comptes Instagram sont créés afin de recueillir et d’écouter les appels à l’aide, des témoignages suivis des hashtags #durdavoir20ans ou #etudiantsfantomes inondent les réseaux sociaux, puis quoi ? Que faut-il de plus ? Une situation davantage dramatique ? Et quand bien même, ne sommes-nous déjà pas arrivés à un point de non-retour ? Les enquêtes le prouvent, la situation est catastrophique. La santé mentale des étudiants est au plus bas et elle continue de se dégrader de jour en jour. Les suicides et tentatives de suicide se multiplient. Dernièrement, une étudiante Lyonnaise a tenté de se jeter par la fenêtre de sa résidence universitaire. « Ce n’est pas le premier suicide d’étudiant pendant cette crise et encore moins le premier dans une chambre universitaire lyonnaise » a réagi le syndicat Solidaire étudiant.e.s Lyon. Les associations dédiées à l’aide alimentaire ont, quant à elles, vu le nombre de paniers repas distribués doubler depuis octobre. Les économies ne suffisent en effet plus. Bon nombre d’étudiants ont été contraints d’arrêter leur job étudiant en raison de la crise sanitaire. Conséquence : des fins de mois impossibles à boucler. La situation ne peut difficilement être pire. Face à cela, le Président Macron a décidé de réagir et est parti à la rencontre d’une dizaine d’étudiants de l’Université Paris-Saclay. Trois mesures ont ainsi été annoncées : les étudiants bénéficieront désormais de deux repas par jour à 1 euro, d’un chèque-psy ainsi que de l‘autorisation de retourner une fois par semaine à l’université. Suffisant ? Pas vraiment. Les associations et politiques accusent le coup. Comme nous le rappelle Jacques Smith, délégué national UNI, « les repas à 1 euro au CROUS ne toucheront pas les étudiants éloignés des grands centres universitaires […]. De plus, 50% des CROUS ne sont pas ouverts ». Les chèques psy sont, pour beaucoup, une mesure dérisoire par rapport à la gravité de la situation et les retours dans les universités se fait lentement, faute d’organisation et de compréhension. Nous voici désormais à la situation que nous connaissons aujourd’hui : pas mieux qu’hier, mais sûrement mieux que demain. Que doit-il arriver pour que la situation change ? Quels signaux doivent être lancés au gouvernement afin que les étudiants aient enfin le sentiment d’être entendus et compris ? Combien de drames supplémentaires pourront-ils tolérer ? Un appel à la grève a été lancé par les syndicats étudiants ce 4 février 2021.


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