Une fois encore May se plie aux caprices de son enfant terrible. A moins d’un mois de la sortie officielle de l’Union Européenne, Theresa May doit rassurer des députés inquiets par le spectre d’un no deal et revoit donc ses positions. Les députés ont gagné, c’est eux qui auront le dernier mot. Si l’accord que la Première Ministre est en train de renégocier avec Bruxelles n’est pas adopté avant le 12 mars par Westminster, les députés devront se positionner sur deux questions. La première concerne la possibilité de sortir de l’UE sans accord et sera mise aux votes le 13 mars, la deuxième porte sur l’extension de l’Article 50 et sera soumise au Parlement le 14 mars. Une limite à ce report : le Royaume-Uni devra sortir de l’UE avant juin sinon elle se verra dans l’obligation d’organiser des élections européennes sur son territoire. Theresa May est donc, une fois encore, dépassée par son Parlement. Ses convictions ignorées, son accord rejeté, rarement on aura vu quelqu’un s’acharner autant sur un problème aussi insoluble que le Brexit. La bataille se transforme en mutinerie. La seule certitude de ce Brexit, à savoir la date du 29 mars, n’aura pas résisté très longtemps. L’issue de ce jeu cynique est désormais entièrement laissée au hasard, et…au bon vouloir du parlement. Au vu de son instabilité, cela revient à peu près au même.
Cela me permet d’introduire le dernier article expliquant le backstop. En ayant en tête toute l’histoire de l’Irlande, ses points de tensions et ses enjeux, comment imaginer le retour d’une frontière entre la République d’Irlande et la province du Royaume-Uni ? Le problème peut se résumer de cette manière. La future frontière devra remplir trois conditions :
-Ne pas couper l’Irlande en deux
-Ne pas séparer le Royaume-Uni et la province d’Irlande du Nord
-Ne pas couper la République d’Irlande du reste de l’Union Européenne
Le problème est complexe, tellement insoluble qu’aucune solution satisfaisant tous ces critères n’a pour l’instant pu être proposée.
Une possibilité a cependant été retenue par l’UE : le backstop, un « filet de sécurité » englobant tout le Royaume-Uni et le maintenant pour une durée limitée – jusqu’à ce qu’un accord de libre-échange soit trouvé avec l’Union – dans le marché unique. Le Royaume-Uni devrait donc continuer à se conformer, docilement car sans aucun pouvoir de décision, à un certain nombre de règles européennes. La classe politique anglaise grogne. En effet, un backstop établi de cette manière maintiendrait des liens très étroits, trop étroits selon certains, entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne. Cette clause est une des raisons qui ont poussé Westminster à rejeter – violemment – l’accord de Theresa May. Cette dernière est donc repartie en croisade à Bruxelles, tentant de fléchir les lignes européennes. Si un geste de la part des européens semblait impossible jusque maintenant, cela semble désormais envisageable. En effet, à l’approche du 29 mars les lignes commencent à bouger. La stratégie de May, qui « joue contre la montre » produit ses effets. L’UE n’est plus aussi rigide sur le backstop, et quelques points pourront éventuellement être rediscutés. Les plus convaincus des brexiters baissent également la garde et revoient leurs conditions à la baisse. L’idée d’un backstop tel que présenté par l’UE pourrait être acceptée à la condition qu’une date butoir soit spécifiée.
Ces avancées significatives jettent une lumière nouvelle sur Theresa May. En jouant avec la menace d’une sortie sans accord, la Première Ministre parviendra-t-elle finalement à ses fins ?
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